82 Voir les remarques dans Hecquet-Noti, Histoire spirituelle, t. 2 , Paris 2005, p. 19-20 et 118-119. Puisqu’Adam, en tant qu’être spirituel, ne peut être tenté directement par le serpent, Ève joue le rôle d’intermédiaire parce qu’elle possède une intelligence plus faible et vit « selon l’inclination de la chair et non selon le mouvement de l’esprit »84. Aux dires d’Ovide, le fraus est le reproche principal que l’on peut adresser aux séducteurs profitant de la credulitas féminine, à l’exemple du fallax Jason abandonnant Médée pour une autre femme53. Nous avons vu précédemment qu’il utilise d’abord les paroles pour atteindre le faible esprit de la femme. Dracontius applique le même qualificatif aux cœurs des deux êtres humains qu’il unit dans l’évocation de la tentation : credula corda reatum / incurrant (Laud. Puis il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et cet être humain devint vivant.»(Genèse ch.2 v.7) «tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière»(Genèse ch.3 v.19) En quelques phrases apparemment anodines, le décor est planté, notre humanité est dépeinte : nous sommes mortels, nous sommes créés, nous recevons la vie de Quelqu’un d’autre, d’Un plus grand que nous. Mais pourtant son cœur est vaincu par ses faibles sens. En effet, pourquoi les ordres de mon père me semblent-ils trop durs ?Ils sont vraiment trop durs. 4, 287. 77 C’est le cas de la première représentation connue (avant 256) sur le baptistère de Doura Ouropos, puis dans la catacombe de Domitilla (vers 315). 15Au début de la scène (v. 136-139), nous sommes en présence de trois personnes : le diable, qui a pris l’apparence du serpent, Adam et Ève, le premier couple, occupés à cueillir des pommes. Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Déjà Ambroise86, reprenant l’exégèse de Philon, avait distingué la compréhension rationnelle, mens ou « noûs » d’Adam de la compréhension sensible, sensum ou « aisthèsis » d’Ève et relevé que la prévarication n’avait été possible que per uoluptatem et sensum. P. Robin relève en particulier le parallélisme frappant entre la scène de la tentation et certaines scènes représentant Jason et Médée de part et d’autre du serpent enroulé autour d’un arbre, ce qui l’amène à conclure que « la disposition des deux héros, la présence de l’arbre et du reptile présentent des analogies trop frappantes avec la scène « imaginée » et représentée par les chrétiens pour qu’on ne doive pas supposer de rapport entre les deux compositions. 1 Dans la Genèse, ce récit occupe les versets 1-6 du chapitre 3 : Sed et serpens erat callidior cunctis animantibus terrae quae fecerat Dominus Deus qui dixit ad mulierem : « cur praecepit uobis Deus ut non comederetis de omni ligno paradisi ? Ajouter à l'album. 7, 11-16 : … «Frusta, Medea repugnas ;Nescio qui deus obstat ; » ait « mirumque nisi hoc estaut aliquid certe simile huic quod amare uocatur.Nam cur iussa patris nimium mihi dura uidentur ?Sunt quoque dura nimis. En effet, le serpent commence certes par attaquer Ève par un long discours persuasif (v. 185-203), mais, les paroles ne suffisent pas et il doit encore flectere sensum (v. 206) de sa victime. 1Au livre 2 de son Histoire spirituelle, Avit présente une très longue scène dramatique où est narrée avec force détails et innovations par rapport au texte, relativement succinct, de la Genèse la tentation d’Ève par le serpent1. 55Cette hiérarchie se retrouve dans la liturgie. Cyprien, Genesis 72-88 ; Marius Victor, Alethia, 1, 393-423 et Dracontius, De laudibus Dei, 1, 459-4844) suivant un schéma identique : dans le jardin d’Eden, dont ils ont rappelé auparavant la luxuriance et les délices, apparaît le serpent qui va séduire Ève par des paroles très persuasives5. Adam, Ève et le serpent dans le jardin d'Eden. 8, 60. Il suit donc à la lettre les recommandations d’Ovide  (Ars 2, 159-160 ) : Blanditias molles auremque iuuantia uerba / adfer. Ce jeu topique est appliqué au fruit défendu de la Genèse dans Ps. 7Avit quant à lui consacre 28 vers à une minutieuse peinture de cette scène dramatique, amplifiant ainsi considérablement le récit biblique de Genèse 3,6 : Talia fallaci spondentem dona susurro /credula submisso miratur femina uultu. 61 Les seules informations concernant le serpent sont celles de 3,1 : sed et serpens erat callidior cunctis animantibus terrae quae fecerat Dominus Deus. Read our editors' picks for the movies and shows we're watching in March, including "The Falcon and the Winter Soldier," Boss Level, and Zack Snyder's Justice League. Il existe dans la Genèse deux passages évoquant la création de la femme. Sur un sarcophage du début du ive siècle, on voit une Ève parée de bijoux, avec une coiffure compliquée, accentuant ainsi les traits de séduction de la femme qui est représentée en train de donner le fruit à son mari79. Des partis contraires déchirent son esprit: d’un côté, l’amour, de l’autre, la crainte. Quelle est la cause d’une si grande crainte ? Dieu, leur ayant interdit de manger ce fruit, expulse Adam et Ève du jardin d’Éden. 7 Ps. Aen. Profitant de son inexpérience, il a cherché à la tromper et à la séduire. /Et iam iamque magis cunctari ac flectere sensum /incipit et dubiam leto plus addere mentem. Là encore, le poète innove considérablement aussi bien par rapport au récit biblique que par rapport aux épopées antérieures. Les deux histoires présentent plusieurs points de convergence. 10,32 la mentionne dans une parodie de cortège d’épithalame (voir ThlL 8, 209, 57sq). 19Ainsi donc, il semble bien que ce soit à cause de ses sens que la femme est le plus vulnérable : or, toute la poésie érotique joue sur cela et Avit fait de même dans notre passage. Dei 1, 466). Catvll. 45En fait, si la nature exacte de l’arbre de la Genèse a suscité bien des interprétations – cep de vigne pour certains, figuier pour d’autres71 –, dans les premières représentations de la scène, la nature stylisée de l’arbre ne permet pas l’identification du fruit. 38C’est donc elle qui est active dans toute cette scène. 65 Cf. Aussitôt qu’elle eut mordu les doux fruits de ses dents de neige, le ciel serein, souillé d’aucun nuage, étincela ». Le flot hésitant de son cœur partagé par de durs combats bouillonne. Georges, a medical student, falls in love with Louisette, his pretty neighbor, and gets engaged to her. Désir et mort se confondent quand Ève, pomme en main, saisit de l’autre la queue du serpent tout en jetant un regard oblique à un Adam déchu, au corps décomposé, qui apparaît sous les traits … Si tu en manges, m'a-t-Il averti, tu mourras certainement. Avit quant à lui utilise draco lorsqu’il décrit l’animal dans un style très élevé, mais il connaît aussi, par désir de variatio, serpens (selon Genèse 3, 6), coluber ou anguis51. 36Par ce murmure, la sensualité du séducteur est en phase avec la sensualité du lieu. 233). C’est aussi dans un cadre identique où se mêlent fleurs et fruits spontanément produits comme dans le jardin d’Ėden qu’Hylas cueille en toute insouciance des fruits avant d’être enlevé par les Dryades15 dans une élégie où Properce avertit Gallus de veiller sur ses amours qui peuvent être convoités par autrui. Comment faire ? 58 « Garde-toi de prêter l’oreille à des murmures caressants, dans une pose nonchalante et coquette sur le rivage silencieux : ainsi loin de toute surveillance, tombe la femme qui se parjure, oubliant les serments et les dieux » (Traduction de D. Paganelli CUF, p. 19). Il semble dès lors logique que les hauteurs que gagne le serpent (v. 143 : arboris erectae spiris reptantibus alto) soient celles d’un pommier, et que soit ainsi précisé la nature de l’arbre et du fruit de la Genèse. 12, 196, Médée utilise l’expression serpens uicta de manière péjorative. Plus c’est compliqué, plus c’est facile de tromper les gens, car peu arrive à suivre le raisonnement. 57 2, 134-135 : « Maintenant, il feint d’être caressant, sa gorge s’amuse à une sorte de chant continuel et sa gueule agite en tous sens sa langue à trois pointes » (nunc simulat blandum, crebro ceu carmine fauces / ludunt et trifidam dispergunt guttura linguam). / Conciliat speciem nutantique insuper offert, / nec spernit miserum mulier male credula munus, / sed capiens manibus pomum letale retractat. 8P. 42 Pour ce qui est de la variation entre hinc… hinc chez Ovide et hinc…inde chez Avit, il ressort de la consultation du CDRom Poetria Nova que les poètes augustéens utilisent exclusivement hinc…hinc et ne connaissent absolument pas hinc…inde, qu’affectionnent les poètes chrétiens (en particulier Dracontius et Vénance Fortunat). 12Si la sensualité qui se dégage du jardin d’Ėden n’est pas exprimée explicitement dans le chant 2, elle est toutefois bien présente et sous-jacente à l’ensemble de la scène grâce à un réseau d’allusions à la description du chant 1 : outre les rubentia mala qui font écho à l’abondance paradisiaque et, en particulier, à la présence constante de fruits d’automne16, le suauis odor de la pomme fatale renvoie aux suaues odores qui embaument le paradis17. Am. Adam, Ève et le serpent : présentation du livre de Elaine Pagels publié aux Editions Flammarion. 10 Laud. 66 Voir A. Ernout, Recueil de textes latins archaïques, Paris 1938, p. 140, 29n. 54 2, 61 ora…fallentia ; 2, 67 auri fallentis amore ; 2, 113 fallendi causa ; 2, 204 fallaci susurro ; 2,225 nec…desistit fallere serpens. Toutefois, Avit ne décrit pas le jardin dans le chant 2, car il a consacré toute la fin du chant précédent à une très longue et minutieuse description de cet hortus deliciarum (1, 191-298) qui s’inscrit dans la tradition littéraire du locus amoenus13. One small hitch is that Georges' father has serious money troubles and cannot support his son anymore. Sur la réception des auteurs classiques dans Avit, voir A. Arweiler, Die Imitation antiker und spätantiker Literatur in der Dichtung De spiritalis historiae gestis des Alcimus Avitus, Berlin/New York, 1999. The message of Christ's love for us set to scenes from 'In The Beginning'. Elle s'appelle Louisette. 35Nous avons là la reprise de l’image type de l’entreprise de séduction masculine contre laquelle Properce met en garde Cynthie (1,11, 13-15) : uacet alterius blandos audire susurrosmolliter in tacito litore compositamut solet amota labi custode puellaperfida, communis nec meminisse deos !58. l’Esprit Saint, comme une nouvelle Ève qui donne, non à l’antique serpent, mais au messager de Dieu, une foi que nul doute n’altère. Dei 1, 477). They are as happy as Adam and Eve in the Garden of Eden. 1, 16. J.-C.) Le texte biblique dit tout autre chose. 49 Verg. De plus, la pomme est le fruit de l’amour, comme le prouvent les occurrences du nom malum dans la poésie érotique : c’est une pomme qui retarde la course d’Atalante63 ; ce sont des pommes que s’offrent les époux, dans les épithalames64. Dans la messe, l’encens permet, comme dans la religion profane, une captatio beneuolentiae de la divinité88 ; mais c’est grâce à l’eucharistie que le fidèle, en ingérant le pain, symbole du Christ, communie intimement avec Dieu. 14 V. 17-19 : « voici encore de petits fromages que sèche une claie de jonc, voici les prunes blondes d’un jour d’automne, des châtaignes et des pommes doucement rougissantes »Cf. 169 (voir J. Ramminger, Concordantiae in Alcimi Ecdicii Avitii carmina, Hildesheim 1990). Georges and Louisette just have to find work. Cyprien – dans le monde médiéval que le fruit défendu de la Genèse a été définitivement associé à une pomme67. 4, 484sqq fait allusion à cette légende. Elle est donc celle qui écrase la tête du serpent. Portrait de jeune dame de beauté avec le serpent et la pomme rouge Jeune fille avec le serpent Tentation d'Ève Jeune fille avec le serpent Tentation d'Ève Jeune fille avec le serpent Tentation d'Ève Choses simples - paradis Verre souillé dans les vers Soulagement de bronze sur panneau de porte, église San Giorgio au sommet d'une colline à Portofino, Italie Adam et Eve Serpent de … Properce, 2, 21, 6 ; Tibulle 3, 10, 18. Je m’intéresserai, pour ma part, au noyau central de ce passage pour montrer comment, après la longue approche rhétorique du serpent et le dialogue entre Ève et son séducteur, Avit décrit, avec de minutieux détails, la scène même de la tentation, c’est-à-dire le moment où le serpent abandonne sa « rhétorique de la persuasion » pour passer à une « gestuelle de la persuasion » afin de vaincre définitivement sa victime (v. 204-231). On peut aussi relever les autres qualificatifs appartenant au même champ sémantique : simulata figura (2, 72) altior astu (2, 118) ; callidus (2, 183. 1, 80-81 : sunt nobis mitia poma / castaneae molles. 30Le dernier protagoniste est donc le serpent. 6 Sur cette épopée, voir J. Fontaine, Naissance de la poésie dans l’occident chrétien, Paris 1981, p. 246-247. Encore plus près de notre texte, sur un sarcophage gaulois provenant de la ville d’Auch, datant de la fin du vie siècle, « le serpent, tête pointée vers Ève, tient un fruit dans sa gueule, qu’il semble lui offrir : le tentateur paraît avoir détaché lui-même le fruit de l’arbre, ce qui n’est pas sans minimiser quelque peu la culpabilité d’Ève, qui se contente d’accepter ce que le reptile lui offre, sans avoir fait le geste décisif de le cueillir »81. 79 P. Robin (p. 23) relève l’intention moralisatrice de telles représentations, où Adam, conscient de sa désobéissance, mais incapable de résister à sa tentatrice, est « représenté tête baissée, épaules courbées » (en particulier sur le sarcophage de Junius Bassus datant de 359, ou sur un fond de verre de Cracovie). On trouve en effet l’expression dubiam mentem au même endroit dans le v. 207 d’Avit : incipit et dubiam leto plus addere mentem. En effet, dans l’accès à la connaissance de Dieu, les sens n’ont pas tous la même importance : l’ouïe et la vue sont des sens inférieurs qui permettent une relation extérieure avec la divinité, mais pas un contact contrairement aux sens supérieurs que sont l’odorat, le toucher et le goût qui donnent un contact intime. En effet, le serpent sait qu’il ne peut atteindre l’homme qu’en passant par … Un examen attentif de la structure du passage montre que le poète réécrit une scène typique de la poésie érotique classique en se fondant sur les modèles élégiaques, en particulier sur les évocations de la rencontre entre Médée et Jason existant dans la poésie d'Ovide ou de Valérius Flaccus. Le serpent maléfique arrive et réussit à convaincre Ève de prendre une bouchée du fruit défendu et voilà, le monde est plongé dans un état de chaos, de mort et de destruction dont il ne s’est toujours pas remis. Michelangelo, Adam et Ève, Chapelle Sixtine (1509-1510 apr. 56L’opposition entre le processus de la tentation et la communion se poursuit dans les conséquences de l’ingestion. Et si dans la poésie élégiaque – qui présente le point de vue de l’amant – la mention de la perfidie amoureuse est assez rare55, en revanche, c’est le reproche usuel qu’adressent à leur amant les amoureuses délaissées d’Ovide56. 41 À la fin du v. 210 mālum, comme chez Ovide, signifie pomme. » 4. They are as happy as Adam and Eve in the Garden of Eden. min. Ou est-ce, enfin, le désir coupable, la uoluptas de croquer une pomme rendue irrésistible par le serpent, et de devenir ainsi l’égale des créatures divines comme le lui promet ce dernier (v. 198-203) ? No… 12, 120) : comme elle perdra Ève dont Avit, sur le modèle de Marius Victor29, souligne, dès le début du récit de la tentation, la crédulité30. Ecl. 12, 34. 72 V. 210-211 : ūnūm dē cūnctīs || lētāl(i) ēx ārbǒrě mālūm / dētrăhīt, ēt sūăuī || pūlchrūm || pērfūndīt ǒdōrě. Or, dans le poème d’Avit, la situation est différente : outre l’amplification par laquelle le poète expose avec précision le décor dans lequel vont évoluer les protagonistes, (v. 136-144) et le long dialogue de persuasion (v. 145-203), Avit innove, d’une part, en caractérisant chacun des deux protagonistes ainsi que nous venons de le voir, et, d’autre part, en décrivant avec minutie le moment du geste fatal. Dans le jardin d’Éden, il tente Ève, l’incitant avec ruse à manger du seul arbre que Dieu a interdit. D. Fasciano, « la pomme dans la mythologie gréco-romaine » dans J. / Vt tandem uictae grauior sententia sedit / aeternam temptare famem per criminis escam, / serpentem satiare cibo, quem sumeret ipsa, / adnuit insidiis pomumque uorata momordit11. 47 2, 187: sed pater inuisus sortem non contulit aequam ; 2, 197: …quaecumque pater secreta reponit. C’est encore lui qui l’incite74 à succomber, ce qu’Avit exprime par la prolepse ruina, nom par lequel Médée qualifiait déjà rétrospectivement son amour naissant pour Jason75. 6Dracontius, dans le De laudibus Dei (1, 459-484) ne donne même pas la parole au serpent, contrairement à ces prédécesseurs, mais relate l’entier de l’épisode dans un récit qui, comme celui de Marius Victor, évoque très rapidement, en un seul vers, le geste d’Ève : …coniugis auresaggreditur sub uoce pia, sermone malignoinsidiosus adit heu mollia corda puellae :ingerit ore cibos crudeli funere plenos.10. 43 « C’est en vain, Médée, que tu résistes ; Je ne sais quel dieu s’oppose à toi ; » se dit-elle, « il serait surprenant que ce ne soit pas (à moins que cela n’y ressemble beaucoup) ce qu’on appelle aimer. 183 ; serpens p. ex. Si Ève, comme Médée, est la femme séduite qui abandonne ces liens familiaux pour obéir à son séducteur, ce n’est pas l’homme Adam qui endosse le rôle de Jason, le séducteur, mais le serpent qui devient le protagoniste principal alors qu’Adam reprend le rôle très effacé du dragon, gardien de la Toison. Cur quem modo denique uidine pereat timeo ? Cette analyse correspond à l’exégèse qu’ont donnée de la scène les commentateurs chrétiens, en particulier Ambroise et Augustin. Dans la Genèse, un serpent, séduit la première femme, Ève, l'incitant à manger le fruit défendu de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Le contexte dans lequel Avit insère cette expression amènerait plutôt à envisager ce dernier sens : en effet, il dit précédemment que des sentiments contraires envahissent l’esprit d’Ève (v. 221 : rapiunt contraria mentem) puis il précise qu’elle est tenaillée entre arrogance et obéissance à la loi divine (v. 222-223 : pulsat iactantia legem / interdumque etiam lex subuenit), cette loi que le serpent voulait briser par la uoluptas (v. 199 : nec captiua diu frenetur lege uoluptas). par corbeau, dimanche 27 septembre 2020, 14:25 (il y a 133 jours) @ gédéon. 22Le même verbe aestuare est utilisé par les deux poètes pour exprimer la frénésie de la passion38. A plus d’une reprise, elle le porte d’elle-même à son nez et à ses lèvres grandes ouvertes et, ignorante, joue avec sa mort future. ». (Sen. Phaedr. 53Pour ce faire, nous avons vu qu’il découpe de manière précise en séquences distinctes ce processus de tentation. Scit enim Deus quod in quocumque die comederitis ex eo aperientur oculi uestri et eritis sicut dii scientes bonum et malum. 1, 3,19 ; 1,9, 41 ; 2, 3,17 ; Prop.1, 10, 4 ; Ov. 55 ; v. 220-221 /Aen. Apulée, Met. 51, p. 80, 35-81, 3 (Peiper in MGH AA, VI,2) : voir désormais la traduction anglaise de D. Shanzer et I. O combien de fois, l’ayant approché de sa bouche, pleine de remords, elle écarta le fruit ; sa main, chancelant sous le poids d’un forfait téméraire, se retira et, dans un tremblement, fuit devant l’accomplissement de son crime! P. Agaësse et A. Solignac, La Genèse au sens littéral en douze livres, t. 2 (Bibliothèque augustinienne no49), Paris 1972, A. Arweiler, Die Imitation antiker und spätantiker Literatur in der Dichtung De spiritalis historiae gestis des Alcimus Avitus, Berlin/NewYork, 1999, H. Crouzel, Origène et la « connaissance mystique », Paris-Bruges 1961, W. Deonna, Evodia, croyances antiques et modernes : l’odeur suave des dieux et des élus, Torino 2003, P. A. Deproost,« La mise en scène d’un drame intérieur dans le poème Sur le péché originel d’Avit de Vienne », Traditio 51 (1996), p. 43-72, D. Fasciano, « La pomme dans la mythologie gréco-romaine » dans J. en 2, 9, 31) en référence à Circé (3, 12, 27). Pulsat iactantia legem / interdumque etiam lex subuenit. Phèdre s’adresse ainsi à Hippolyte lorsqu’elle veut lui écrire : pudor est miscendus amori (Ov. 29C’est d’ailleurs ce même pudor que Marius Victor oppose à timor lorsqu’il décrit les hésitations d’Ève par une variation, sans équivoque, sur l’expression ovidienne reprise par Avit48. Ce jeu allusif intertextuel est tout à fait dans l’esprit précieux que revendique Avit en tant que poète, lui qui, dans sa lettre 5145, se place en digne héritier de son oncle Sidoine Apollinaire, le plus éminent représentant de la poésie érudite de la Gaule de la fin du 5ème siècle46. 20Comme dans notre passage, il s’agit de faire basculer une femme hésitante, partagée entre un amour filial, légitime, et une passion sensuelle et dangereuse qui l’amènera à sa perte34. Curieusement toutefois, aucun poète ne décrit en détail le geste d’Ève se saisissant du fruit. 64 P. ex. Il la rend belle à voir et lui offre sur ces entrefaites, alors qu’elle hésite ; et cette femme qui se fie à lui pour son malheur, faiblit face à ce funeste cadeau, et, prenant de ses mains le fruit fatal, elle le retourne en tous sens. 46Après avoir précisé la nature exacte du fruit défendu, Avit innove encore par rapport au récit biblique en décrivant longuement comment le serpent va aider Ève qui, bien que déjà vaincue par ses paroles, hésite encore à passer à l’acte. 21Si, comme le signalent plusieurs emprunts au chant 4 de l’Ėnéide36, le modèle premier en est Didon hésitant face son amour pour Ėnée, le personnage d’Ève est aussi la synthèse de nombre de femmes que leur passion amoureuse va exclure de la communauté : les hésitations d’Ève avant de transgresser l’interdit émis par Dieu ne sont pas sans lien avec la confusion de Byblis en proie à un amour interdit pour son frère. Another hitch lies in the fact that Monsieur Grompat, her employer is a bit like the serpent in the Book of Genesis : he only aims to tempt her and to seduce her out of the arms of Georges. On peut voir ici un jeu allusif, tout à fait dans l’esprit maniéré de la poésie tardive, entre le vers d’Ovide (Met. 634). dernière édition: 19 oct., 2011 par xennex résolution maximale: 573x1158px La source. 13Or, dans la description de Virgile, on retrouve aussi, comme dans la Copa ou dans Ecl. Les Anciens pensent que le serpent est immortel, à cause de sa capacité à se régénérer chaque fois qu’il perd sa peau. Synopsis. Voir Valerius Flaccus, 8, 63 : …et blanda poscit me pabula lingua. De fait, cet adjectif, formé sur le verbe seducere a une connotation très forte en indiquant une coupure qui isole une personne de sa communauté, comme l’attestent les rares emplois du participe seductus appliqué à une personne26. Histoires de la bible Ève la ruse du serpent - Souviens-t'en, Ève, ceci est l'arbre de la connaissance du bien et du mal. 52Donc, en construisant son récit de la tentation comme une scène de séduction amoureuse, Avit développe de manière poétique l’exégèse augustinienne du péché originel.