Or le narrateur réagit par une peur de plus en plus irrationnelle au fur et à mesure que la nouvelle progresse : peur de l’invisible, peur de la folie, peur de lui-même plus que du Horla. Il existe deux versions du «Horla». Discutez-en ici , Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Cet être manifeste sa présence en buvant l’eau de son verre ou en cueillant une fleur à ses côtés. Ainsi, le thème du Heim, de l’environnement familier, est déjà introduit dès l’incipit : ce thème détient une position privilégiée pour la compréhension de l’ensemble du conte. Cite les mots du texte. Afin de proposer une interprétation plausible, il faut regrouper tous les éléments textuels et ajouter des informations biographiques de Maupassant. Le Horla (1887). En le dénommant « L’Être », le narrateur utilise un terme philosophique pour désigner l’être premier; devant cet idéal le narrateur se rabaisse et se fait tout petit. Le héros se sent peu à peu envahi par un autre, qui agit à travers lui : le Horla, puissance invisible, inconsciente, qui le manipule. Le moine le convainc de l’existence des êtres surnaturels en argumentant de manière très simple : « […] le vent qui tue, qui siffle, qui gémit, qui rugit – l’avez-vous vu, et pouvez-vous le voir? Analyses de textes littéraires et philosophiques. Néanmoins, le conte débute avec une connotation négative : la première entrée est le 8 mai, soit la journée du décès de Flaubert. Jusqu'à l'irréparable. En effet, mystérieusement, c’est ce foyer tant chéri qui se révélera peu à peu aliénant, étranger et suffoquant. Le Horla, c’est l’histoire d’un homme qu’une présence invisible poursuit sans répit. Cette lutte atteint son apogée lors d’un lapsus, qui manifeste la puissance du Surmoi qui ronge le narrateur : le narrateur ordonne à son chauffeur d’aller à la gare, mais au lieu, crie de retourner à la maison (15 août). 153-166 / ISSN: 1659-1933 La peur, la folie, l’hésitation et la mort dans Le Horla, version de 1887, de Guy de Maupassant Emilie Michele Daniel Cersosimo Escuela de Lenguas Modernas Universidad de Costa Rica Résumé Guy de Maupassant, écrivain français du dix-neuvième siècle a écrit trois versions d’un conte appelé Le Horla. Plusieurs indices à travers le texte laissent soupçonner que la figure du Surmoi du narrateur pourrait être le parallèle de la figure de Flaubert pour Maupassant : le Horla est, malgré ses airs menaçants, un être aimé qui ressemble à un père castrateur. D’un point de vue littéraire, Maupassant utilise ici sa prose riche, qui maîtrise avec élégance, pour nous plonger dans le monde du surnaturel. Autrement dit, sa présence est dévorante : il s’impose au narrateur en l’absentant de son propre corps. Suite à la venue du trois-mâts brésilien, le narrateur tombe, en l’espace de quelques jours, progressivement malade. Puis, ayant élucidé les éléments textuels, une hypothèse, reliant la vie psychique de Maupassant à celui du narrateur, sera avancée modestement pour tenter d’expliquer le contexte de création. Le Horla appelle donc à une interprétation psychanalytique, de type psychocritique, en prenant comme fil conducteur le passage d’un état névrotique à un état psychotique chez le narrateur, par le biais d’un angoisse ascendante, motivée par l’apparition progressive d’un double au sein d’un milieu familier. À la mort de Flaubert, l’inconscience du narrateur/Maupassant effectue un déplacement d’affect : la figure de Flaubert tant chérie se transforme en un double effrayant de Maupassant qui aurait été à la hauteur de son mentor. J’aime ma maison où j’ai grandi » (8 mai). Cette nouvelle est un classique, et sa réputation est méritée. Ainsi, devenu intolérant au Unheimlich, il tente de constituer cette part affectée par le Heim comme une identité en dehors (hors-là) en la transférant sur une figure du double impersonnelle et anonyme. Lors des prochains jours, l’angoisse ne cesse de s’accroître : le sentiment d’étrangeté le suit hors de la maison. En d’autres mots, le familier apparaît d’un coup sous une lumière étrange, après l’émersion d’un refoulé ; du point de vue conscient, l’angoisse a son origine dans l’aspect étranger, alors que du point vue inconscient, elle provient plutôt du familier lui-même. J'étais seul. Ainsi, le double du narrateur est refusé de son propre psychique et renvoyé à l’extérieur, d’où sa figure imprécise, vague et imprésentable : n’ayant pas pu être traduit par des symboles, le double est invisible et inconnaissable. 1. Lors des premiers symptômes, il lui semble qu’une tristesse l’attend impatiemment chez lui : « […] et soudain, après une courte promenade, je rentre désolé […] » (12 mai). - Le tableau des catégories grammaticales. «Le Horla» de Maupassant Très tôt, Maupassant fait de la peur sa spécialité: cette peur n’est pas la terreur des romans de suspens mais une sensation relativement commune que n’importe qui peut ressentir et qui métamorphose lugubrement les choses et les êtres, les données du temps et de l’espace. Face à ce danger permanent, le narrateur cherche à accumuler des preuves de l’existence véritable de son double; paradoxalement, ce sont ces tentatives d’explications qui vont déboucher à ce qui est probablement une illusion : son verre d’eau et sa tasse de lait sont vides alors qu’il ne semble pas avoir bougé de son lit de toute la nuit. Cet article vous a plu ? Je souligne cinq mots du champ lexical de la peur dans tout le texte. Ce Surmoi garde néanmoins les caractéristiques de l’incube : il exhale du Moi, tout en tirant sa possibilité d’existence et en gardant son emprise de ce dernier. The concept album D'Après Le Horla De Maupassant of Canadian progressive rock band The Box is based on "The Horla". L'article n'a pas été envoyé - Vérifiez vos adresses e-mail ! Ainsi, Flaubert lui imposait des exigences que ce dernier n’est jamais véritablement arrivé à répondre, comme le suggère la lettre du 15 août 1878 : « Il faut, entendez-vous, jeune homme, il faut travailler plus que cela. La méthode employée sera un suivi des évènements clés, qui mènent à un aggravement continu de l’état psychotique du narrateur, en relevant les concepts psychanalytiques. L'auteur a vécu au temps de Charcot et suivait ses travaux de près : hypnose, hallucinations, folie étaient des thèmes sur lesquels Maupassant avait une culture étendue. Maupassant est considéré aujourd'hui comme un des écrivains majeurs du XIXe siècle. Cette nouvelle est souvent étudiée dans le cadre des programmes scolaires. Enfin, le fantastique fait hésiter, sans cesse, le lecteur entre une interprétation rationnelle des événements et une explication surnaturelle : le lecteur oscille entre ces deux possibilités, entre rêve et … Du coup, l’incube devient littéralement l’Autre qui vit en lui, dans son inconscient, puisqu’il ne s’active que lorsque la conscience s’endort. Toutefois, les symptômes se dégénèrent rapidement et le narrateur cherche à se guérir par des traitements médicaux (par les douches et le bromure comme Maupassant). Ainsi, cette figure se précise davantage : ce double est un Surmoi qui opprime, qui resserre le Moi du narrateur en lui donnant des ordres (FREUD, 1961). Le conflit entre le Horla et le narrateur atteint son point culminant durant l’épisode du miroir; le Horla prend entièrement la place du sujet : « […] lui dont le corps imperceptible avait dévoré mon reflet » (19 août). Autrement dit, le double se révèle à être une « âme parasite et dominatrice » (15 août), tout comme a été dominée la conscience de sa cousine Nancy. Pour consolider l’hypothèse que le double soit un Surmoi forclos, le narrateur lui confère une perfection analogue à un Dieu : il est convaincu qu’il est un être tout-puissant, venu pour supplanter les hommes : « Le règne de l’homme est fini » (19 août). Le double représente alors tout ce que le Moi du narrateur refuse : il se dédouble et ne reconnaît plus son identité chez l’autre. Un premier qui a été publié dans Gil Blas, à Paris le 16 octobre… Pour un oui ou pour un non: les stéréotypes chez Sarraute, La République livre IV: le thumos (l’ardeur). De la même manière que le Surmoi représente un Moi idéal et inatteignable (FREUD, 1961), le narrateur pousse ce Surmoi jusqu’au paroxysme en le constituant en demi-Dieu : « C’est que sa nature est plus parfaite, son corps plus fin et plus fini que le nôtre, que le nôtre si faible, si maladroitement conçu » (19 août). Par l’expulsion du double dans le réel, le narrateur hallucine qu’une rose se tient immobile dans l’air comme si elle était portée par quelqu’un (6 août). Demander les élèves d’écrire la fin du journal intime en y ajoutant une journée. En tissant tous les liens, ce double s’accorde en tout point à la figure d’un père castrateur. Créez un site Web ou un blogue gratuit sur WordPress.com. Pourquoi et comment chroniquer un livre ? "The Horla" is the title of a song from the British heavy metal band Angel Witch, appearing on their 2012 album As Above, So Below. Dès lors, le Horla et le narrateur forment bel et bien un seul tout indissociable : le narrateur tombe, au final, au plus profond de son état psychotique. - Etablir une grille « sémique » des sentiments exprimant la peur (échelle de la peur) Ex : crainte, … Peur de la peur, tant le Horla est immatériel. Lisez « La peur apparitions, fantômes, mains coupées, morts qui parlent et le Horla : 11 nouvelles fantastiques, effrayantes, macabres » de Guy (de) Maupassant disponible chez Rakuten Kobo. L’écriture du fantastique Séance 4 1. Le narrateur a enfermé le Horla dans sa chambre et a mis le feu à la maison. Autrement dit, le Surmoi menace la vie du Moi en suscitant la pulsion de mort originaire : tout comme l’incube, le Surmoi écrase le Moi avec ses exigences. Le Horla de Maupassant s’inscrit dans un cadre de création qui lui est propre; en effet, vers 1887, Maupassant est atteint de troubles d’identités et de paranoïa, en majeure partie causés par la syphilis. L’influence de ce contexte est claire : Maupassant a l’impression de se voir lui-même à la troisième personne, il a un sentiment d’étrangeté face à son reflet, il se soigne par des douches et par des traitements de bromures… Ces éléments biographiques se retrouvent tous dans le conte : ces parallèles permettent de tenter d’établir un lien entre le psychique de Maupassant et les éléments textuels propres au narrateur. Le personnage est hanté par un être invisible qui le vampirise et le force à dépérir en se nourrissant de son énergie. Dans la séance 3, j’ai vu que le narrateur ne dirige pas l’action : il est _____. Bref, en établissant le lien entre les troubles du narrateur et ceux de Maupassant, il est plausible qu’à la mort de Flaubert, Maupassant regrette de n’avoir pas pu être celui que Flaubert attendait de lui; le Surmoi, prenant le relais du mentor, procède à hanter Maupassant. The third track of French hip-hop artist Nekfeu's debut album, Feu, is entitled "Le Horla". Le Horla, Maupassant (1887) A Le retour des cauchemarsLes cauchemars -et la peur qu'ils occasionnent -sont revenus, mais ils ne suscitent plus chez le narrateur le même type de réaction. Ayant pris une distance critique, il admet pour la première fois qu’il avait bel et bien cru « qu’un être invisible habitait [son] toit » (12 juillet). En effet, lors d’une marche dans la forêt, la solitude, habituellement appréciée, l’effraie tout d’un coup, car elle lui révèle, en réalité, une présence: « J’hâtai le pas, inquiet d’être seul dans ce bois […], par la profonde solitude. La veine fantastique est présente dans toute la production de Maupassant dont Le Horla est un chef-d’oeuvre. De manière exemplaire, le fantastique chez Maupassant se concentre sur l’invisible et son mystère. Évidemment, cette tentative est un échec et le narrateur réalise que le Horla existe en lui et par lui : il ne lui reste plus qu’à se suicider s’il veut se débarrasser du Horla. En le nommant, le personnage lui attribue des traits humains ce qui lui permet de faire face à son adversaire invisible. En quelque sorte, le Horla le pousse à adopter une position de spectateur passif face à lui-même. Une jeune morte réapparaît dans un château gardé par un étrange jardinier. la peur et l'étrange p. 2-3 Fiche 2 › incipit de La Cafetière p. 4 Fiche 3 › La Vénus d'Ille : enquête sur un assassinat p. 5 Fiche 4 › Le Horla : dénouement p. 6 Fiche 5 › Le récit fantastique p. 7-8 > La parution de trois versions successives qui montrent que Le Horla est le résultat d’un travail littéraire comme si Maupassant avait cherché et testé les moyens du fantastique : Lettre d’un fou en 1885 contient en germe tous les éléments présents dans les versions suivantes : obsession, sentiment de peur…